Presse

28 mai 2023

L’industrie verte : une révolution bien au-delà de la décarbonation

La lutte contre le changement climatique met au premier plan le défi de la décarbonation de nos industries. Mais, le « verdissement » de l’industrie ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés et de l'énergie. Une tribune passionnante publiée dans Le Monde par Pierre Veltz, ingénieur et docteur en sociologie, et Grégory Richa, Directeur associé OPEO, explore les raisons pour lesquelles une approche plus holistique est nécessaire.

Lisez la tribune ici : « Le verdissement de l’industrie ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés et de l’énergie ».

« L’industrie verte ne sera pas une collection d’usines émettant moins de gaz à effet de serre »

Bien que la réduction des émissions de carbone soit une étape nécessaire, elle n’est pas suffisante pour créer une industrie réellement durable. Si vous suivez régulièrement les activités d’OPEO, vous ne serez pas étrangers à la thèse des auteurs de la tribune : le principe de durabilité s’inscrit dans une perspective large qui dépasse la décarbonation et comprend aussi bien l’approvisionnement en matières premières que l’élimination des déchets.

 

Réduire la transition écologique aux émissions de carbone dans l’atmosphère, c’est voir la question environnementale et sociétale par le petit bout d’une lorgnette strictement écologique. Or, la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement, la raréfaction des matières premières, l’accès à l’eau, les pertes d’emplois, l’étiolement de notre souveraineté industrielle et la surconsommation énergétique constituent des problématiques inévitables qui remettent en question tout le modèle industriel linéaire, tous secteurs confondus.

Les auteurs appuient donc sur la nécessité d’adopter une vision systémique qui prend en compte toutes les étapes de la chaîne de production. Cela inclut non seulement le passage à des sources d’énergie renouvelables, mais aussi la réduction de la consommation d’énergie, la réutilisation des déchets industriels et l’éco-conception des produits. En clair, la transformation de l’industrie linéaire vers le circulaire est inévitable.

Vous avez dit « industrie circulaire » ?

L'industrie verte se doit d’être inclusive, englobant les chaînes de valeur complètes, en amont et en aval : au-delà des usines, pivoter vers une industrie circulaire, c’est considérer les produits, les procédés et les usages !

Les auteurs suggèrent donc que les entreprises devraient viser à fermer le cycle de production. Ce qui signifie :

  • Repenser l’importance de la conception de produits qui soient respectueux de l’environnement, conçus pour avoir une durée de vie plus longue et être réparables ou recyclables en fin de vie,
  • Penser le sourcing dans le contexte des limites planétaires, réutiliser autant que possible les matières premières et minimiser les déchets.
  • Encourager des modes de consommation plus frugaux et plus durables.

Une démarche qui appelle à la sobriété généralisée.

Pour en savoir plus sur les vertus de l’industrie circulaire, téléchargez gratuitement l’étude réalisée par OPEO et l’INEC.

Circularité doit rimer avec sobriété

« Designer pour la circularité ne revient pas forcément à designer pour la sobriété », constatent Grégory Richa et Emmanuelle Ledoux dans leur ouvrage Pivoter vers une industrie circulaire (Dunod, 2022). De propos qui rejoignent l’objet des auteurs de la tribune : sans changement du design des produits et sans modification des usages et des pratiques de consommation, la circularité n’aura pas l’effet escompté.

Le paradoxe de Jevons ou « effet rebond » explique qu’une amélioration technique ou organisationnelle entraîne une augmentation de son usage. Par exemple, la possibilité d’acheter et de vendre des habits à moindre coût sur Vinted incite à acheter une plus grande quantité d’habits issus de la fast fashion plutôt qu’à garder ses vêtements plus longtemps.

La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus d’entreprises et d’institutions soutiennent de nouvelles formes de production-consommation. Le groupe SEB sensibilise les consommateurs à différencier réparabilité des produits (réparation du produit initial) et garantie (remplacement par un produit neuf). En août 2022, Fnac Darty, soutenu par la région Centre Val de Loire, inaugurait son plus grand atelier de réparation : 8000m2 pour prolonger la durée de vie des produits et leur offrir une seconde vie. Kippit, marque d’électroménager circulaire « Made in France », conçoit des produits multi-usages, réparables et évolutifs pour encourager à consommer moins mais mieux. Fairphone, marque de smartphones durables, travaille, en amont, sur la création de filières responsables et, en aval, sur la modularité et la réparabilité de ses téléphones. Une approche qui lui permet de limiter le nombre de modèles sortis.

En bref, la transition vers une industrie plus verte ne sera pas facile mais nécessaire. Pierre Veltz et Grégory Richa offrent dans cet article une lecture captivante pour quiconque est intéressé par le futur de l’industrie et par les moyens par lesquels elle peut se transformer.

À lire : « Le verdissement de l’industrie ne peut pas se limiter à la décarbonation des procédés et de l’énergie ».

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