[INTERVIEW] Circular4Good, épisode n°4 : l’urgence d’une économie régénérative, par Fabrice Bonnifet

Dans un monde où la notion de « progrès » est souvent réduite à des indicateurs financiers, comment les entreprises peuvent-elles redéfinir leur définition du succès pour y intégrer des critères sociaux et environnementaux ? C’est la question brûlante abordée dans l’épisode n°4 du podcast Circular4Good. Fabrice Bonnifet, Directeur du développement durable & QSE du groupe Bouygues, aborde les limites des modèles d’affaires actuels et explore des pistes pour faire évoluer les entreprises vers un rôle plus contributif et régénératif. Une entreprise positivement contributive, ça veut dire quoi ? Comment démarrer sa transformation régénérative ?

Réponses dans le podcast n°4 de Circular4Good : écoutez le ici !

Pas le temps d’écouter maintenant ? Lisez notre synthèse « made in OPEO » de l’entretien, juste ici 👇 (Temps de lecture : 3 minutes).

Relever le défi de la conscience économique et écologique

Un point essentiel soulevé par Fabrice Bonnifet est l’urgence de réaligner les objectifs économiques avec les impératifs écologiques. En d’autres termes, il n’est plus possible de séparer le « monde des affaires » des « limites planétaires ». Une vision que l’invité du jour défend dans son livre : L’entreprise contributive, concilier monde des affaires et limites planétaires (avec Céline Puff Ardichvili, Dunod, 2022).

Selon Fabrice Bonnifet, ce réalignement est le « défi ultime » que doit relever la génération actuelle et celles à venir. Mais comment atteindre cet équilibre délicat entre activité économique et durabilité environnementale ? Les entreprises ont une double mission : générer des revenus et des emplois. Ces deux objectifs ne sont pas mutuellement exclusifs, mais nécessitent un changement radical dans la façon dont les entreprises fonctionnent et sont structurées. Pour Fabrice Bonnifet, ce changement passe par la redéfinition même du concept de « progrès ». Et ce progrès nécessaire est indissociable du bonheur individuel :

« Le progrès n’est pas seulement une croissance économique sans fin, mais plutôt la capacité à vivre en paix, en bonne santé, à satisfaire les besoins fondamentaux et à être heureux », explique-t-il au micro d’Aurélien Gohier.

Tout cela dans le respect des limites écologiques de la Terre.

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La nécessité d’une vision à long terme

Dans un monde axé sur le profit à court terme et la croissance exponentielle, la vision à long terme est-elle une notion obsolète ?

Fabrice Bonnifet remet en question cette approche qui prévaut dans le monde des affaires. Selon lui, cette myopie stratégique ne fait pas seulement du tort aux entreprises à long terme, mais elle contribue aussi à exacerber les défis environnementaux auxquels notre planète est confrontée. Dans la course effrénée vers des rendements immédiats, des indicateurs comme le retour sur investissement à court terme deviennent souvent la boussole qui guide les décisions d’affaires.

Cette manière de fonctionner néglige toutefois les impacts sociaux et environnementaux, qui sont souvent moins immédiats et moins quantifiables, mais d’une importance capitale pour le bien-être à long terme de l’entreprise et de la société dans son ensemble. Il n’est pas seulement question de morale ou d’éthique. C’est une nécessité stratégique, avance Fabrice Bonnifet.

En ignorant les coûts environnementaux et sociaux, les entreprises s’exposent à des risques énormes, notamment en matière de réputation, de réglementation et de viabilité à long terme. L’épuisement des ressources, les changements climatiques et la perte de biodiversité sont des facteurs qui peuvent gravement perturber la chaîne d’approvisionnement et la demande des consommateurs.

(Pour mieux comprendre comment les changements environnementaux affectent les business models traditionnels, lire l’étude co-dirigée par OPEO et l’Institut National de l’Economie Circulaire (INEC) en téléchargement gratuit).

Pour redresser la barre, Fabrice Bonnifet insiste sur l’importance de se poser les bonnes questions dès le départ : comment orienter les entreprises vers un avenir plus responsable, tout en créant de la valeur pour toutes les parties prenantes ?

L’entreprise contributive et régénérative

Une réponse à cette question passe par le concept d’entreprise contributive.

Selon Fabrice Bonnifet, il ne suffit plus pour les entreprises d’être seulement « moins mauvaises » en réduisant leur empreinte carbone ou en adoptant des pratiques plus éthiques. Celles-ci doivent viser à être positivement contributives à la société et à la planète.

Le principe est simple mais profond : l’entreprise ne doit pas seulement créer de la valeur pour ses actionnaires, mais pour l’ensemble de ses parties prenantes, y compris la communauté et l’environnement. Cela nécessite une transformation profonde de la manière dont les entreprises envisagent leur rôle et leur impact sur le monde.

Réorienter ses missions, ses valeurs et ses actions représente un changement qui va bien au-delà de la simple responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) ou de la durabilité en tant que « case à cocher » dans un rapport annuel.

Mais Fabrice pousse le concept encore plus loin avec l’idée d’entreprise « régénérative ». Il s’agit d’aller au-delà de la neutralité environnementale pour contribuer activement à la restauration et à la régénération des écosystèmes et des communautés. Exemples : remplacer la neutralité carbone par le retrait carbone ou restaurer la biodiversité plutôt que simplement la préserver.

La mise en œuvre de ces modèles d’affaires novateurs n’est pas seulement une aspiration idéaliste. C’est une nécessité absolue, affirme Fabrice Bonnifet. Les conditions actuelles de dégradation environnementale et sociale, exacerbées par des modèles d’affaires traditionnels, nécessitent une action urgente et significative. « Il n’y a pas de plan B car il n’y a pas de planète B », conclut Fabrice avec ce sens de la formule choc qui le caractérise. L’entreprise régénérative représente à la fois le défi ultime et la clé de notre époque pour concilier impératifs économiques et limites planétaires.

Comment devenir une entreprise régénérative ? ⬇️

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