Événements
7 décembre 2017
Rencontres pour la compétitivité industrielle : L’INDUSTRIE EN ROUTE VERS LE MOUVEMENT PERPETUEL ACTE 1
Le 28 novembre, OPEO réussissait le pari de réunir pour la seconde fois les acteurs de l’industrie lors des Rencontres pour la Compétitivité Industrielle. Le thème de cette année : L’industrie en route vers le mouvement perpétuel.
Vers l’industrie et au-delà
C’est sur l’idée de convergence que David Machenaud, Président d’OPEO a ouvert cette journée de réflexion, de partage et de rencontre aux côtés de Bruno Rogowski, directeur Initiative Conseil chez Bpifrance et Hervé Biausser, Directeur de l’Ecole Centrale Supélec. En effet, il apparaît clair qu’une prise de conscience s’est opérée : la nécessité de faire converger les initiatives et les approches. La bataille de la France pour la compétitivité est une œuvre collective. Nous l’observons avec la French Fab, les initiatives régionnales, les think tanks, les efforts des écoles pour valoriser l’emploi industriel auprès des jeunes, et bien-sûrs des industriels qui œuvrent chaque jour pour rester compétitifs sur leur marché. En route vers l’industrie du futur ?
Le bulletin Météo de l’Industrie :
Est-il bien vrai que l’industrie connaît un regain de compétitivité ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes, et ils avaient de quoi réjouir l’assemblée réunie pour écouter Julien Pouget, Chef du département de la conjoncture à l’Insee. En effet, l’économie est au plus haut depuis 10 ans et le climat des affaires s’améliore encore. Les industriels ont majoritairement une opinion positive quant à leurs perspectives d’avenir, et une hausse des emplois industriels est à prévoir dans les prochains mois. Certes les cicatrices de la crise restent présentes. Cependant les taux d’utilisation des capacités de production progressent et atteint 85 % (Source : Insee, enquête trimestrielle de conjoncture dans l’industrie). La France doit prendre conscience de son potentiel en capitalisant sur ses champions, PME ou ETI qui ont entrepris le virage vers l’industrie du Futur.
Champions français, la preuve par l’exemple
Pour témoigner de la diversité des pépites françaises, 5 entreprises ont présentés leur virage stratégique vers l’industrie du futur. Après avoir visionné les vidéos présentant leur démarche, les participants ont pu voter pour la transformation qui les a le plus marqués. C’est l’entreprise Velum, représentée par sa dirigeante Anne Vetter-Tifrit qui a remporté le prix RCI 2017 « Stratégie est Innovations ». Fabricante d’éclairage professionnel, la PME implantée en Alsace sur 2 sites de production a dû s’adapter pour rester compétitive sur le marché français en pleine croissance, où les clients sont de plus en plus exigeants et demandent une plus grande personnalisation des produits.
Ayant bénéficié du programme « Industrie du futur » de la région Grand Est, la société a opéré un virage stratégique spectaculaire en changeant de business model : la production se fait maintenant à la commande, permettant de limiter le stock de produits finis. Plus qu’un produit, la société propose une solution d’éclairage. Cette transformation s’est effectuée en mettant l’homme au cœur de l’usine. Elle a nécessité un accompagnement accru du middle management, levier essentiel de la conduite du changement. Cela s’est également accompagné d’importants investissements R&D pour rendre l’usine connectée, ainsi que des initiatives pour réduire l’impact environnemental de l’usine. Anne Vetter-Tifrit a souligné que les défis à venir sont dans la fabrication en France ainsi que la personnalisation complète par le client au moyen d’outils digitaux.
Attractivité territoriale et industrie
Les transformations comme celles conduites par Velum ne seraient pas possibles, si les régions n’avaient pas pris conscience de leur rôle dans le développement de l’industrie. C’est le sens des « programmes usine du futur » lancées par les régions et dont Velum a bénéficé.
Alain Rousset Président de la région Nouvelle Aquitaine est revenu sur ce programme dont il est un précurseur, et qui a ensuite fait boule de neige dans toute la France. Son objectif : redonner confiance aux français en leur appareil productif, rendre attractif le secteur auprès des jeunes et aider les entreprises à s’orienter vers l’industrie du futur. « Une France sans usine est une France sans communautés humaines » a-t-il souligné. En capitalisant sur les opportunités technologiques, permises par la 4° révolution industrielle, les usines pourront recruter des jeunes motivés. Alain Rousset a par ailleurs plaidé pour une décentralisation accrue, qui permettrait une meilleure allocation des ressources de financement.
Pierre Veltz, Economiste, Auteur de La Société Hyper industrielle a rappelé la mauvaise perception de l’industrie dans les mentalités. Les idées reçues selon laquelle l’industrie disparaîtrait en France, peuvent être combattues grâce à une plus grande implication des régions et des territoires. Et surtout, avec la conviction que la performance se joue collectivement. Les sous-traitants et les donneurs d’ordre doivent apprendre à travailler main dans la main et non de manière segmentée. Par ailleurs, grâce à la robotisation et aux nouvelles technologies, nous devrions observer des relocalisations partielles dans le futur. L’industrie devrait donc créer de l’emploi en zone péri-urbaine. Tout l’enjeu des territoires et des industriels est de réussir à attirer les jeunes talents qui seront les industriels de demain.
Pour étayer cette idée, Clotilde Larrose, Directrice de la Communication, Ville du Havre nous a donné un bel aperçu des initiatives locales qui peuvent être prises. La réhabilitation des anciens quartiers industriels pour les tourner vers l’industrie du futur en est un exemple. L’objectif est de donner de la visibilité aux entreprises et de rendre les habitants d’un territoire fiers de leur industrie.
Technologies en rupture
On ne peut parler d’industrie du futur sans donner la voix aux nombreux offreurs de solutions, startups innovantes qui développent des outils digitaux permettant une nouvelle organisation du travail. Elles ont toutes la particularité d’être partie d’une observation terrain, des problèmes rencontrés au quotidien par les équipes. Elles ont ainsi développé des solutions simples et pratiques pour améliorer la performance des entreprises et faciliter considérablement le travail des équipes.
L’humain au cœur de la compétitivité
La dimension humaine dans l’industrie du futur est sans doute le thème qui aura le plus marqué les esprits lors de cette journée. Pour nous parler de cet aspect, 6 intervenants ont débattu en table ronde. Julie Le Cardinal Professeur, Directrice du département Sciences de l’Entreprise à CentraleSupélec nous a partagé les victoires de cette année : une augmentation considérable des effectifs dans le parcours de production, témoignant du regain d’intérêt pour l’industrie manufacturière auprès des jeunes et notamment des jeunes femmes. Pour en témoigner, deux jeunes, Soizic Audouin, consultante chez OPEO et Dimitri Pleplé Ingénieur projet, PSA, ont raconté ce qui les a motivés dans leur choix de cursus. « L’industrie ? j’ai eu le coup de cœur en stage de première année d’école à Centrale Lille, explique Saoizic Audouin. Ce qui m’a marqué c’est la recherche d’amélioration permanente des équipes, la passion qui les anime pour leur métier, et leur objectif de servir le client le mieux possible. J’aime découvrir de nouveaux produits et de nouveaux savoir-faire. En tant que consultante j’apprends énormément et je m’émerveille en écoutant les opérateurs parler de leur métier ». Pour Dimitri, le premier jour a vraiment été fondateur. Outre l’émerveillement ressenti, il a eu une réelle prise de conscience. « J’ai compris que les préjugés dont souffre le secteur industriel sont globalement faux. J’ai voulu témoigner de ce que j’avais vécu en allant dans les usines françaises et en laissant la parole aux opérateurs. L’indus’trip c’est un Tour de France des usines à vélo. Ce sont des rencontres très riches qui m’ont profondément marqué. » Les 80 vidéos produites témoignent de la richesse du secteur industriel, de la diversité des métiers, et de la grande motivation des équipes.
Dominique Renard-Brazzi, Directrice des Marques, de la Performance et de l’Innovation Geoxia, a évoqué la nécessité d’accompagner les équipes pour réussir le virage digital. Toute dynamique de transformation doit s’accompagner d’un solide management pour engager les acteurs vers l’objectif cible.
Pierre Courrieu, directeur associé chez Cepheïd Consulting, témoigne : « les entreprises qui réussissent cette transformation sont celles qui ont une vision claire des moyens à utiliser, qui utilisent le mode projet à bon escient et n’ont pas peur de la stratégie des petits pas.
Enfin, invité d’honneur, Maava, robot humanoïde est venu nous parler de la robotisation en entreprise. Oui les robots ont vocation à remplacer les humaines mais surtout sur les tâches répétitives et pénibles. Les humains garderont les activités cognitives et non prévisibles ainsi que celles nécessitant dextérité et créativité. Les équipes verront leur métier évoluer et développeront des compétences transversales. Les nouveaux métiers qui en découlent devraient attirer les nouvelles générations dans un secteur qui en a tant besoin.
C’est sur cette idée que s’est achevée la matinée. A suivre prochainement la seconde partie des débats.
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