Événements

3 décembre 2022

Industrie circulaire et recyclage : les meilleurs déchets sont ceux qu’on ne produit pas

Le recyclage des produits en fin de vie ne peut régler à lui seul les problématiques environnementales, humaines et techniques causées par la surconsommation. Dans une économie mondiale qui consomme 1,7 planètes pour subvenir aux besoins de l’humanité, repenser la réduction des déchets sur tous les étages de la chaîne de valeur apparaît alors comme un pivot toujours plus évident et nécessaire. En quoi la thématique du recyclage des déchets ménagers est-elle liée à la capacité des industries à évoluer du modèle linéaire au modèle circulaire ?

Le recyclage c'est bien mais... - OPEO

Grégory Richa, Directeur associé d’OPEO, co-fondateur du mouvement #Circular4Good et co-auteur de l'ouvrage Pivoter vers une industrie circulaire (Dunod, 2022) était présent lors des Journées de l'Économie (Jéco) pour plaider la bifurcation vers de nouveaux modèles de gestion des déchets.

Visionnez ici un extrait de l'intervention de Grégory Richa sur la table ronde "Améliorer le recyclage des déchets ménagers" aux Jéco, aux côtés de Michèle Pappalardo (Présidente du comité du label ISR), Fabien Charreyre, Baptiste Perrissin Fabert et Julie de la Brosse.

Le recyclage face à la croissance de la production de déchets en France

La production de déchets en France a fortement augmenté à partir des années 1960 avec la croissance économique, démographique, et les changements des modes de consommation et de production.

Sur l’année 2018, chaque Français a produit en moyenne 582 kg de déchets ménagers, tous déchets confondus, classant la France au deuxième rang des pays de l'Union européenne en termes de production de déchets, juste derrière l'Allemagne. Rapportée au nombre d'habitants, la production de déchets en France se situe dans la moyenne européenne, avec 5,1 tonnes par habitant (source : ministère de la transition écologique).

Les pays producteurs de déchets

Les pays producteurs de déchets

Individuellement, les Français produisent de moins en moins de déchets, mais l’augmentation de la population contribue à l’accroissement total des résidus. Entre 2007 et 2017, la part des déchets ménagers en France à augmenté de 2,5% (source : Ademe).

Cette production croissante de déchets pose des problèmes de plus en plus difficiles à résoudre, que ce soit au niveau des modes de traitement, des coûts de gestion ou des dommages causés à l’environnement et à la santé humaine.

Ainsi, dans un contexte haussier de demande de biens, la prévention, la réduction des déchets, le recyclage et la réutilisation des matières premières recyclées dans les processus de production permettent de diminuer cette pression.

Au-delà du recyclage, l’évolution nécessaire vers des modèles circulaires

Des déchets sont générés à toutes les étapes du cycle de vie d'un produit : lors de l'extraction des matières premières, pendant la fabrication, pendant son utilisation et à la fin de sa vie. Se consacrer uniquement au recyclage des produits en fin de vie revient donc à ne traiter qu’une partie du problème sans le résoudre à sa source.

L'économie circulaire vise avant tout à limiter, voire à éliminer, cette production de déchets à toutes les étapes de la vie des produits. L’économie circulaire repense l'ensemble de la chaîne de valeur, en amont et en aval de la production, en optimisant l'utilisation des matières premières, en favorisant le recyclage et en encourageant la réutilisation des produits.

L’upcycling, ou surcyclage, désigne la capacité à valoriser les produits en fin de vie en les transformant en de nouveaux objets. Des pneus de vélo transformés en ceinture (Belt), des bouteilles de vin changées en verres ou lampes (Dion’iso), des bateaux de plaisance rénovés sous forme d’hébergements, de salles de réunion ou d’aires de jeux pour enfants (Bathô), sont autant d’exemples qui montrent le potentiel immense de la revalorisation des produits.

Autre solution novatrice apportée par l’économie circulaire : certaines startups industrielles mettent en place des boucles de réemploi. Par exemple, Rebooteille à Lyon collecte les bouteilles en verre, les lave et les remet dans le circuit. Elle évite ainsi les dépenses énergétiques et les pertes de matière liées à la production de nouvelles bouteilles tout en économisant les ressources et en réduisant les coûts de transport (par un maillage serré des points de collecte et de traitement). D’autres entreprises ont mis en œuvre des procédés similaires pour les emballages plastiques.

La question de l'intégration des déchets dans des cycles techniques ou biologiques est également fondamentale. Par exemple, la crise énergétique actuelle rend la production d'engrais de plus en plus coûteuse, ce qui pourrait entraîner des pénuries à l'avenir. En soutenant le développement de filières de compostage, il est possible de créer de nouvelles sources d'engrais et de contribuer à la souveraineté alimentaire du pays.

Vous voulez en savoir plus sur l’industrie circulaire ? Téléchargez gratuitement notre étude ici !

En conclusion : bifurquer vers de nouveaux modes de production-consommation

Bien que le recyclage et l'optimisation des déchets restent des étapes importantes dans la démarche industrielle, celles-ci ne forment qu'une partie de l'économie circulaire.

Pour véritablement progresser dans cette voie, il est essentiel d'élargir le débat : repenser nos modes de consommation, les types de contenants utilisés, ainsi que les solutions techniques et économiques mises en œuvre… Il est essentiel, annonce Grégory Richa, de déverrouiller ces sujets socio-techniques, d'encourager l'innovation et de motiver la transformation de nos habitudes en amont de la chaîne de production.

La transition vers une économie circulaire est un défi complexe qui nécessite la collaboration de tous les acteurs, des consommateurs aux entreprises en passant par les pouvoirs publics. La prise en compte des spécificités territoriales est aussi un aspect important de la transformation, car ce qui fonctionne dans un contexte peut ne pas être adapté à un autre.

La bifurcation vers de nouvelles pratiques et des modèles économiques innovants constitue notre seul ticket d’entrée dans un monde éthique et durable.

Pour écouter Grégory aux Jéco : c’est par ici !

Partager