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15 décembre 2022

Made in France : redonner vie à l’industrie nationale, une véritable prouesse ?

Après des décennies de désindustrialisation, de plus en plus d’entrepreneurs, industriels, artisans et startuppers relocalisent leur production en France. Quels sont les motifs derrière cette décision ? De quoi ce renouveau du Made in France est-il le nom ? Aurélien Gohier, Directeur de la communication OPEO, fondateur d'Industry4Good et co-fondateur du mouvement Circular4Good, déambule dans les allées du Salon du Made in France pour recueillir les précieux témoignages d’entrepreneurs du Made in France.

Visitez le salon du Made in France sur la chaîne YouTube d'OPEO

Salon du Made In France - OPEO

Bienvenue au Salon du Made in France

Le Salon du Made in France, qui en était à sa 10ème édition en 2022, constitue une occasion unique de découvrir les entreprises et les marques qui ont fait le choix de produire localement. Avec 830 exposants répartis sur 25 000 mètres carrés, cet événement rassemble plus de 100 000 visiteurs (nb : ne manquez pas l’édition 2023 qui aura lieu du 9 au 12 novembre prochain !).

Au-delà des chiffres, un vent nouveau semble souffler sur le Made in France. Après des années de « mondialisation heureuse » et de délocalisation de la production, de plus en plus d’entrepreneurs décident de relocaliser leur production en France. Parmi les marques présentes, on retrouve des noms tels que Mob-ion, Gaïanne, elia, Bultex, Le biberon français, muvit, Le Slip Français, 1083 ou Le Soulor.

Pourquoi faire le choix du Made in France ? Fabriquer en France relève-t-il d’une prouesse (spoiler : oui, c’en est une, mais peut-être pas celle à laquelle vous pensez) ? Au micro d’Aurélien Gohier, des acteurs clés du Made in France partagent leur expérience et leur vision.

Relever les défis du Made in France : témoignages d’entrepreneurs

Le parcours des entrepreneurs du Made in France n’est pas un long fleuve tranquille. L’histoire de Kippit, marque d’électroménager éco-conçu et durable fabriqué en France, est un exemple parmi d’autres de projets qui ont échoué dans un contexte où la demande était pourtant largement favorable.

Barrière à l’entrée élevée et perte de savoir-faire représentent quelques-uns des grands défis pour l’entrepreneur qui souhaite produire localement. Challenge accepted ?

Contourner la barrière à l’entrée

Maëlle Chassard, fondatrice de la conteuse Lunii, met en avant une barrière à l’entrée difficilement franchissable : « [l]es projets industriels sont de gros projets qui nécessitent un coût de départ très conséquent. Le projet doit être viable dès le début. », explique-t-elle. Il lui était donc impossible de produire sa conteuse d’histoires interactives en France dès le lancement.

Sa solution ? Lancer la production de sa « fabrique à histoires » en Chine pour éprouver la viabilité de son modèle d’affaires. Pari réussi en 2018 où la marque atteint un volume de vente critique de son baladeur (160 000 exemplaires) et parvient à rapatrier sa production à Bayonne. Le double modèle de Lunii, reposant à la fois sur la vente des conteuses et de produits digitaux (des histoires à télécharger), permet à la société d’équilibrer son chiffre d’affaires.

Faire face à la perte des savoir-faire

« Tous les savoir-faire sont en Asie », déplore Antoine Fichet, co-fondateur de Daan Tech, fabricant d’électroménager éco-compact et durable. « Nous avons perdu les talents. Notre challenge industriel a été de retrouver et regrouper tous ces talents autour d’une table. Dynamiser pour montrer qu’il est possible d’apporter un produit innovant en France. »

Faute de compétences en interne, les fondateurs de Daan Tech souhaitaient initialement externaliser la production de leur lave-vaisselle Bob. Après avoir trouvé l’une des dernières usines françaises capable de fabriquer leur produit, celle-ci est liquidée pendant la phase d’étude industrielle. Daan Tech décide alors d’internaliser toute sa chaîne d’assemblage, de la production au service-client, en passant par la logistique et le service après-vente. La société devient alors une entreprise industrielle à part entière, maîtrisant toutes les étapes de la production.

L’histoire est similaire chez 1083, marque de jean française. Thomas Huriez, fondateur de la marque s’est lancé dans le commerce en ouvrant une boutique de vêtements bio-équitables. C’est suite au défaut d’un de ses fournisseurs qu’il décide de reprendre l’usine en liquidation pour intégrer davantage sa production : « [l]’enjeu n’est pas de tout savoir faire » précise-t-il, mais plutôt « de s’adapter rapidement à une nouvelle situation ».

En clair, le renouveau du Made in France réside moins dans la course à la technologie que dans notre capacité à retrouver des savoir-faire perdus et notre envie de créer des synergies autour d’une vision collective.

Le Made in France : une prouesse collective, humaine et durable

Le Made in France représente une prouesse à bien des égards. Le défi ne se limite pas à la production, et encore moins à la surenchère technologique (#sobriété), mais englobe la création d'un écosystème solide. Il ne s'agit pas simplement de reproduire ce qui était fait il y a trente ans, mais de réinventer et d'adapter les pratiques pour répondre aux exigences économiques, sociales et environnementales actuelles.

Gilles Attaf, Président de la certification Origine France Garantie, souligne la convergence entre le Made in France et l’écologie. « Fabriquer en France permet de bénéficier d’un circuit court, ce qui contribue à une démarche vertueuse sur les plans économique et environnemental », explique-t-il. La généralisation de pratiques circulaires sobres et efficaces participent d’un nouveau rapport à la consommation. Le Made in France nouvelle version s’inscrit dans une volonté de soulagement des tensions sur la biosphère tout en favorisant l'émergence de compétences locales.

Vous voulez en savoir plus sur les vertus de l’industrie circulaire ? Lisez notre étude inédite.

Au-delà de la simple certification, le Made in France constitue le terreau d’une aventure humaine collective. Une vision qui se matérialise avec la mobilisation de tous les acteurs : consommateurs et industriels certes, mais aussi, institutionnels, banques, écoles, formateurs, ouvriers, cadres… Tous les maillons de la chaîne doivent être impliqués pour porter cette ambition de relocalisation et de néo-industrialisation.

Le changement s'opère progressivement. Entre hasard et nécessité, ces entrepreneurs et entrepreneuses, souvent plongés dans l'industrie sans l'avoir préalablement côtoyée, saisissent cette opportunité comme un levier de croissance positif pour tous. Entre tradition et innovation, le Made in France réinventé se profile comme l’incarnation d’une démarche visionnaire, ancrée dans les territoires, née du dialogue et de la mobilisation de tous ses acteurs. Un seul mot d’ordre : œuvrons !

Découvrez le salon du Made in France sur notre chaîne YouTube.

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